Wednesday, December 5, 2012

Réponse de Madame Christiane Carité a l'article de Meimouna

Ecrit par Madame Christiane Carité le 31 Mai 2010

Maïmouna,

Votre « pèlerinage aux sources » m’a beaucoup touchée tant sur le fond
que sur la forme :
-         c’est un témoignage empreint d’une émotion qu’il m’a plu de
ressentir avec vous ;
-         sa formulation littéraire parfois humoristique m’a tout à
fait ravie.
J’ai été très heureuse de constater que ma collègue et amie Madame
Coulombel, à qui j’ai transmis votre article, et moi-même ainsi que
d’autres coopérants français n’étions pas oubliés et je tiens à vous
en remercier. Mais si nous avons fait de notre mieux pour rendre
efficace notre enseignement afin que les élèves réussissent, nous
avons beaucoup appris durant notre séjour en Mauritanie de 1973 à 1989
au cours duquel nous avons partagé avec la population les joies mais
aussi les drames qui touchaient le pays. Notre mémoire  demeure très
attachée aux seize années passées en Mauritanie, des années de bonheur
où nous vîmes progresser nos élèves mais aussi nos propres enfants qui
furent bercés, leur âge tendre durant, dans le dos d’une nourrice
africaine puis bénéficièrent à nos côtés du meilleur accueil que l’on
puisse espérer dans les campements et les villages de l’intérieur du
pays. Comme nous, ils en conservent un souvenir ému.
Tout cela pour vous dire, chère Maïmouna, que votre évocation m’a
remémoré les plus belles pages de ma vie. Au lycée national, nous
n’avions certes pas les conditions matérielles des lycées français,
mais dans les classes hyperbondées, aphone, je parvenais à me faire
comprendre des élèves : on aurait pu entendre une mouche voler ! J’ai
eu la surprise de constater souvent la présence d’élèves clandestins …
Impossible d’organiser des travaux pratiques dignes de ce nom mais
cette absence de moyens était compensée par une concentration commune
intense, un échange fructueux avec, vous avez raison de le souligner,
un respect profond de l’enseignant. Ressentir ce respect fut
certainement pour moi un facteur puissant pour progresser dans mes
efforts et faire en sorte que mes cours s’adaptent au mieux à
l’environnement mauritanien : en sciences naturelles, c’est une
exigence incontournable. Ainsi en TD la dissection de l’encéphale de
chameau fut parfois possible, avec découverte de l’hypophyse ! Cette
longue expérience au lycée national puis à l’ENS fut pour moi riche
d’enseignement : les élèves deviennent parfois … nos professeurs.
Votre article en est d’ailleurs une parfaite confirmation.
Merci beaucoup Maïmouna de votre témoignage et permettez-moi de vous
en réclamer la suite : un livre, incha Allah.
Ainsi qu’à toute votre famille, je vous souhaite longue vie dans une
Mauritanie apaisée et prospère.
Bien cordialement.

Christiane Carité

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