Ecrit par Mohamed Ould Ahmed début Janvier 2009
Le Lycée National a été créé au lendemain de l’indépendance pour être un
modèle de ce que les pères fondateurs de la Mauritanie visionnaient pour
l’école mauritanienne moderne. Un large domaine sur lequel ont été bâties des
infrastructures dignes des grandes structures éducatives de l’époque. Il
deviendra rapidement la référence et le lieu où des générations de jeunes
mauritaniens de tous les horizons acquirent une éducation de qualité gratuite
qui a permis à beaucoup d’entre eux de maitriser des savoirs, d’exercer des
métiers et de jouir d’un standard de vie inconnu de leurs parents et de leur
milieu socioculturel. Pendant plusieurs décennies le Lycée national a joué
avec excellence le rôle d’ascenseur social dans la pure tradition de l’école
moderne en préparant aux meilleures études universitaires des élèves, souvent
de milieux modestes, qui par la suite sont devenus des intellectuels, de
leaders et de cadres dans toutes les sphères de l’activité culturelle,
économique et sociale.
Aujourd’hui le Lycée National meurt en silence. Son domaine est squatté par
les administrations publiques. Ses infrastructures sont désuètes sinon
complètement laissées à l’abandon. Des centaines d’élèves, principalement en
classes terminales, continuent à le fréquenter faute d’alternatives. Cet état
déplorable en dit long sur l’effondrement remarquable des structures
éducatives et le peu d’attention accordé aux jeunes dans les phases critiques
de leur développement intellectuel mais aussi psychique, mental et émotionnel.
Si rien n’est fait, le Lycée National connaitra bientôt le sort peu enviable
d’un autre monument de l’histoire éducative moderne de notre pays, le lycée de
Rosso disparu de la carte scolaire depuis belle lurette. Une manière bien de
chez nous de « reformer » le system éducatif national.
Il n’est plus moralement acceptable de laisser à leur triste sort des
établissements scolaires qui ont une histoire et une âme, éléments importants
dans l’acquisition et la transmission des savoirs, des savoir-faire et des
savoir-vivre. Sont concernés en premier lieu les pouvoirs publics responsables
en chef de la reforme du système éducatif, les parents d’élèves qui devraient
s’investir un peu plus dans l’éducation de leurs enfants mais aussi et c’est
là une nouveauté dans notre pays, les anciens élèves. Ces derniers ont
l’obligation morale d’honorer les écoles qui ont le plus participé à leur
développement intellectuel, social et professionnel.
Une association d’anciens élèves du Lycée National a été créée dans ce sens
pour aider à construire une image, définir une mission et mobiliser des
ressources pour cet établissement afin d’en faire un modèle vivant de ce que
devrait être l’école mauritanienne moderne. Un projet excitant et ambitieux
qui a besoin du concours de tous ceux préoccupés par l’insoutenable condition
des élèves dans notre pays et/ou simplement désireux d’avoir une certaine
fierté quand l’envie les prend de faire visiter le Lycée qu’ils ont fréquenté
à leurs enfants ou petits enfants.